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Nalbinding : Le tricot viking

Le nalbinding est une forme ancienne d’art textile peu connue au Canada, mais dont la tradition est encore bien vivante en Scandinavie.

Qu’est-ce que le nalbinding?

Le but de cet art textile est de fabriquer des tissus flexibles sous forme de vêtements et d’accessoires à l’aide d’un fil et d’une aiguille à trou. Différents tissus, et même de la vannerie, peuvent être réalisés en nalbinding. Ceux-ci vont de l’extrêmement fin au très grossier.

Ce procédé est utilisé pour créer des chapeaux, des chaussettes, des mitaines, des sacs, des filets, des passoires et plusieurs autres objets de tous les jours.

Différences entre couture, broderie, tricot, crochet et nalbinding

Aujourd’hui, une personne qui travaille avec du fil et une aiguille à trou (avec un chat) fait généralement de la couture ou de la broderie.

En couture, on joint 2 pièces de tissu avec un fil ou on fait en sorte que le fil empêche la bordure du textile de s’effilocher. Quant à la broderie, on enjolive l’étoffe avec de beaux motifs.

Ce n’est pas ce qu’on fait avec le naldinding. En effet, le but de cette technique est de confectionner des vêtements et des accessoires en fabriquant le tissu au fur et à mesure qu’on crée la pièce comme en tricot et au crochet. Il ne faut cependant pas confondre le nalbinding avec le tricot ni le crochet.

Certes, il arrive que le nalbinding soit appelé « tricot Viking » sur des sites Internet et dans certains groupes de récréation médiévale et historique. Toutefois, l’utilisation du mot « tricot » est inappropriée, car il ne s’agit pas du tout de tricot. En revanche, puisqu’il est question d’une technique peu connue, il est plus facile de simplement dire que c’est une sorte de tricot. Ainsi, les gens se font rapidement l’idée suivante : Une suite incalculable de nœuds faits avec du fil et un genre d’aiguille pour fabriquer un vêtement ou un accessoire.

Sauf que l’aiguille possède un trou comme l’aiguille à coudre et à broder… Et… ce n’est pas de la couture ni de la broderie non plus…

Le tricot et le crochet se font en continu avec un fil « sans fin ». De surcroît, le nouveau point naît toujours d’une section de fil proche du point formé en dernier. Et puis, pour défaire un ouvrage au tricot ou au crochet, il suffit de tirer sur le fil.

En ce qui concerne le nalbinding, les boucles sont formées avec un court morceau de fil. Toute la longueur du fil doit passer par le trou de l’aiguille et au travers de chaque nouvelle boucle que l’on forme ou de plusieurs boucles déjà formées. Par conséquent, on doit régulièrement ajouter un bout de fil pour continuer le travail. Et, si on tire sur le fil, la dernière boucle se ferme et devient un nœud. Par conséquent, l’œuvre ne se défait pas (à l’exception d’un seul point).

La technique

Le nalbinding est généralement réalisé avec une aiguille à trou et du fil avec lesquels on connecte des boucles (loops) pour former un tissu élastique. En ce sens, le fil est continuellement bouclé sur lui-même.

En général, chaque nouvelle boucle est tournée autour du pouce. Le pouce a plusieurs fonctions :

  • Il sert de jauge pour la taille de la boucle;
  • Il empêche les boucles de se transformer en nœud;
  • Il uniformise la formation des boucles;
  • Il garde la ou les nouvelles boucles, alors que les anciennes sont derrière le pouce ou sur un rang inférieur.

Pour modifier la taille des boucles, il suffit de les placer plus haut ou plus bas sur le pouce.

Il est à noter que certains adeptes du nalbinding n’enroulent pas les boucles autour de leur pouce. À la place, ils utilisent une méthode à main levée. Avec cette méthode, la personne tient l’ouvrage dans une main de manière à toujours voir les boucles récentes s’étaler devant elle. En revanche, il est plus difficile de trouver le chemin correct pour faire passer l’aiguille au travers des boucles et d’obtenir un tissu aux mailles uniformes.

Habituellement, mais non exclusivement, le nalbinding se travaille en rond, en spirale ou en ovale et non pas en aller-retour. L’aiguille est traditionnellement faite d’os ou de bois. Aujourd’hui, on peut trouver des aiguilles de métal et de plastique. N’importe quel fil peut être utilisé. Mais les fils plus épais, filés uniformément, non pelucheux, et fait de laine véritable de mouton qui peut être feutrée sont les plus appropriés. La capacité à feutrer le fil est importante, car cela permet de relier les nouveaux morceaux de fil au fil déjà utilisé dans l’ouvrage sans avoir à faire des nœuds.

Le nom des points dérive :

  • Du lieu où un artéfact a été trouvé et qui contient le point;
  • Du lieu où un artéfact est exposé présentant ainsi le point au public;
  • Du lieu où le point en question est une méthode traditionnelle;
  • Du nom de la personne qui a publié des instructions au sujet du point.

Origine du mot

Le terme « nalbinding se prononce [nalbindiƞ]. Cette expression est acceptée internationalement surtout par les artisanes et les artisans qui s’affichent dans la tradition scandinave. Ailleurs dans le monde, cette technique est aussi appelée « looping ». Et, tel que dit plus haut, il arrive qu’on rencontre l’expression « tricot viking ».

L’origine du mot « nalbinding » (son étymologie) provient de son nom traditionnel scandinave. Naldinding signifie en anglais « needle binding », soit reliure à l’aiguille en français, alors que « looping » se traduit par « boucles ».

Histoire du tricot

À l’instar d’une multitude d’inventions, l’âge et l’origine exacts du tricot sont inconnus. Il existe toutefois des preuves solides que le tricot existait au Moyen-Âge.

Il subsiste 2 petites pièces fragiles, possiblement tricotées, qui datent du 2e siècle. Puisque ces artéfacts ont été très endommagés pendant leur étude, il est impossible de certifier la technique utilisée. Toujours est-il que les découvertes réellement tricotées les plus anciennes proviennent plausiblement de l’Égypte islamique. Celles-ci datent du 7e au 15e siècles.

C’est un fait indéniable : tricoter est plus rapide que le nalbinding. Alors, vers la fin du Moyen-âge et au début de la Renaissance, le tricot est devenu largement utilisé dans les productions commerciales lorsque les chaussettes tissées traditionnelles sont passées de mode et qu’un énorme besoin en chaussettes tricotées est apparu. D’ailleurs, la première machine à tricoter a été inventée en 1589 par William Lee. Cette machine produisait 600 points par minute. Une version plus récente en produisait 1500.

Histoire du nalbinding

Tel que dit plus haut, il arrive qu’on retrouve parfois l’expression « tricot viking ». La précision « Viking » vient sans doute d’une association entre la culture scandinave et la période viking de cette région qui remonte à loin dans le passé, mais aussi parce que la tradition du nalbinding s’est transmise de manière continue dès les débuts de cet art textile jusqu’à aujourd’hui en Scandinavie. En effet, on a trouvé des mitaines et des chaussettes dans les zones influencées par les Vikings qui datent de pendant et après l’ère viking classique.

Toutefois, les Vikings ne sont pas nécessairement les créateurs de ce procédé. En fait, d’un point de vue archéologique, on ne pourra probablement jamais savoir avec certitude qui furent les premiers à pratiquer le nalbinding. Manifestement, il se peut que le nalbinding ait plusieurs origines et qu’il ait été développé d’une manière indépendante dans plusieurs parties du monde.

En outre, il est possible que le nalbinding découle de formes simples de tressage, de nouage ou de fabrication de filets. Il semble aussi probable que cette technique dérive de la couture bien avant que l’humain ne sache confectionner des vêtements à partir de textiles (tissus souples à base de fibres). À cette époque, l’humain portait des vêtements en fourrure et en cuir. De plus, il était important que les vêtements permettent de bouger aisément et qu’ils ne gênent pas les mouvements. Par conséquent, les peaux étaient coupées et cousues. D’ailleurs, la plus vieille aiguille avec un trou, trouvée en Europe de l’Est, date de plus de 30 000 ans.

Cela mène à réfléchir au sujet des nombreux points spéciaux qu’on emploie à des fins diverses. Selon le type de point, le fil peut être lié non seulement au tissu pour faire de la couture ou de la broderie, mais également à lui-même. De tels points peuvent être appliqués de manière à créer un genre de textile dans les situations où la base du tissu à coudre ou à broder est absente. C’est peut-être ainsi que le nalbinding a vu le jour.

En fin de compte, le nalbinding est une technique tellement vieille qu’il remonte à la préhistoire. Et pour terminer, voici quelques datations d’artéfacts accompagnés de leur lieu de découverte.

Âge de pierre

Israël : 8 000 BC

Allemagne : 7 750 BC

Danemark : 4 500 BC (période Ertebølle), période néolithique et milieu du 4e millénaire BC.

Suisse : Période néolithique

Âge du fer

Chine : 3 000 ans

Sibérie, Russie, Danemark, Allemagne, Italie : non datés

Âge du bronze

Chine : Environ 1 000 BC

Danemark : 1 300 BC

Allemagne, Pays-Bas, Italie, Syrie et Pérou : non datés

Arizona (États-Unis) : 1er millénaire

Référence :

CLAßEN-BüTTNER, ULRIKE. Nalbinding, What in the world is that? History and technique of an almost forgotten handicraft. Herstelling und Verlag : BoD Books on Demand, Norderstedt, Wiehl, 2015, 116 pages

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